Solo Shows I Expositions Personnelles

Sutures

Exposition monographique 2009

Galerie Espace K. karima celestin

Paris - France

OUTRE-TERRE

Azzedine SEDJAL

 

Après Trans-Fusion, Sedjal Mustapha poursuit sa quête et nous renvoie ses visions et son rapport au monde. Avec "Sutures", l’artiste récidive avec son thème favori  l’homme en perpétuelle régénérescence, décliné sous les mêmes formes d’expression :

le dessin, la peinture, la vidéo / Installation. Une variation sur le même thème. Dans cette nouvelle exposition introspective, l’artiste révèle les multiples sutures que subit l’homme dans son environnement. Des sutures qui renvoient au déracinement-ré-enracinement pour une renaissance toujours possible malgré les cassures, les blessures et les plaies. A travers les corps mutilés et les greffes, c’est de la vie qu’il s’agit. La vie sans cesse renaissante malgré les péripéties, les pérégrinations et les chemins tortueux parfois dangereux où des Hommes frôlent la mort à chaque instant comme ces "Harragas", "coupeurs de mers" qui même s’ils échappent parfois à la mort au creux des vagues vivront traumatisés, portant à vie la trace, l’empreinte de cette blessure que leur corps aurait subi. Dans cette plaie qu’est la mer pour la terre, ils subiront le baptême de mort dont certains n’en sortiront jamais. Et comme dans tout Exil, l’exilé, laisse une partie de soi et acquiert une autre part en s’insérant et en s’intégrant à son nouvel environnement. Il se greffe tel l’arbre même s’il perd une partie de ses racines, il s’enracinera à nouveau. C’est cette tourmente de la terre et des corps et des esprits que l’artiste explore. Tourments de corps incorporels, déconstruits, déstabilisants pour la vision mais souffle d’une inspiration intérieure d’une douloureuse expérience.

Ici, l’artiste n’est ni l’origine ni la fin de l’œuvre mais un maillon révélateur d’une absurdité éphémère. Son corps est l’ici et l’ailleurs. L’arbre greffé et les racines de là-bas. Un point de suture possible.

 

Azzedine SEDJAL

Le 25 mars 2009



Sutures

Série dessins à la plume sur papier

Dimensions 42 cm x 29,5 cm

Année 2008


Sutures

Installation Vidéo

7 Mannequins, Projecteur vidéo DVD

Année 2008

 



Eldorad'Or

Installation vidéo  

Cadre numérique, DVD, caisse en bois,

Bateau en carton, vidéo durée 1 mn.

Année 2008

 



Bab’Or

Bateau en tissue, Aiguille et bobine de fil blanc.

1m 75 x 50 cm

Année 2008



Un pas vers l´inconnu

Hamid Skif

 

Voyage au bout de ce qui fut un rêve, une espérance, un pas vers l´inconnu pensé comme chaleureux et qui m´attend les bras ouverts. Je n´ai laissé aucune trace derrière moi, à peine un souffle, des pensées, quelques unes de mes ombres sur les murs défraîchis sur lesquels ma vie s´est appuyée pour continuer à exister quelque part, en moi peut être seulement. Il ne reste rien, si ce n´est le sentiment que je n´abandonne rien puisque le rien a été ma vie.

 

Parti il y a longtemps, j´ai navigué sur des bateaux de papier, de carton ou des avions auxquels mes rêves donnaient des ailes. Et puis je me suis aperçu que j´avais des pieds, que les pieds ne sont pas des racines, que l´homme n´est pas un arbre, que ses jambes le mènent partout où il peut trouver son bonheur. Celui-là avait pour couleur celles des yeux ou des lèvres que je dessinait en mordillant les miennes, la nuit, couché sur le côté pour les cacher au fond de ma poitrine tels des moineaux tombés du nid, des branches d´étoiles et les creux de lune dont la lumière me couvrait d´une cruelle froidure.

Je n´ai rien aimé, même pas moi-même pour ne pas faiblir, garder les yeux ouverts, aux aguets, scrutant l´horizon, sa ligne de fuite, les mots qu´ils me disait. Ma vie est une impasse si les impasses ont une vie.

J´ai traversé l´Afrique, le Mexique et l´Asie en container, à pied, noyé dans la respiration des autres, englué dans les songes, le dos brisé, la gorge sèche, le courage enveloppé dans de faux papiers.

Je n´ai jamais pleuré car les larmes, il faut aussi les économiser. On m´a arrêté, questionné, trompé, volé, mais j´ai continué à courir le long des rives, sur les dunes, les rochers, coupant à travers les dangers, la haine des regards pour protéger mon dernier souffle et un peu de cette ombre qui me protège. Sur les registres, je n´existe même pas sous forme de virgule, de point, d´interligne. Cette assurance est le sauf conduit qui me mènera au delà de moi-même sur les territoires interdits, offerts aux autres qui m´ouvrent les bras ou me refusent sans rien connaître de moi, des murs sur lesquels se tissent les rêves et les chansons de départ tristes ou joyeuses, toujours tendres. La tendresse, c´est ce qui sauve lorsqu´on n´a rien d´autre à offrir à sa faim.

 

Je veux vivre dans vos yeux, à vos cotés, vous tenir la main et chanter avec vous même si je ne connais aucune des musiques de vos cœurs. Si je devais mourir sur le pas de votre porte, dans votre rue, sur la plage  de vos vacances, je voudrais que vous sachiez que je vous offre mon soleil. Tout le soleil que vous souhaitez. Je vous l´apporte á domicile. J´en ai eu plus que ma part sur les chemins de ce monde coupé en tranches, barbelé de partout où l´homme des murs a pour pays une paire de chaussures trouées.

Un jour elles seront clouées sur une planche, exposées en public, prêtées aux Martiens pour la grande rétrospective terrienne sur la Liberté. 

 

Hamid Skif  

Hambourg, Le 6 Avril 2009