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2015 


 

 

 

 

 

 

 

 

AFRIKADAA ISSUE N°9 "ANTHROPISMES" OLOG

http://www.afrikadaa.com/2015/05/afrikadaa-issue-n9-anthropologismes-is.html


 

 

 

l'Expression

«ALGÉRIE AU COEUR» Entre les deux rives...

Par  O. HIND - Jeudi 28 Mai 2015

http://www.lexpressiondz.com/culture/216869-entre-les-deux-rives.html

 

Un évènement pluridisciplinaire des plus riches est organisé depuis le 20 au 28 mai au niveau de Dar Abdellatif, la Cinémathèque algérienne, etc.

Placée sous l'égide du ministère de la Culture, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel organise en effet, «Algérie au coeur», un évènement qui se décline sous diverses formes: cinéma, musique, colloque, littérature et arts plastiques. Une manifestation pour ainsi dire très riche qui a déjà drainé beaucoup de monde depuis son inauguration et continue son périple. Côté musical, le public aura déjà apprécié le spectacle Barbès Café, et le concert hier de cheb Billal avant de retrouver ce 28 mai au théâtre de verdure d' Alger l'excellent groupe Zebda et ce à partir de 20h.
Côté cinéma, la Cinémathèque algérienne accueille de nombreux films, entre fiction et documentaires. On citera Nouvelle vague, Quand le cinéma prend des couleurs d'Edouard Mills-Affiif, Chacun sa vie, Mektoub, Chacun sa vie, L'Autre France, Une femme pour mon fils d' Ali Ghanem, Sortie d'usine, Les marcheurs, Chronique des années beur, Madame la France, ma mère et moi, Mouss et Halim, origines contrôlées de Samia Chala, Perdus entre deux rives, Les chibanis oubliés de Rachid Oujdi, La traversée d'Elisabeth Leuvrey, Hors-la-loi de Rachid Bouchareb. Aussi, se tient au programme un colloque autour de l'immigration africaine en France, d'hier à aujourd'hui à travers le prisme du cinéma», encadré par Mohamed Bensaleh et un autre thème lié à l'immigration algérienne en France animé entre autres par Samia Chala et enfin, La territorialité du cinéma algérien, sur une intervention de Malika Laichour. C'est dans ce cadre que s'est tenue une exposition d'affiches de films du 21 au 27 mai. Côté littérature, des rencontres -débats autour de problématiques variées ont émaillé ce programme des plus intéressants. On notera Migration et interculturalité, Histoire de la genèse du roman arabe par Wacini Laredj, mais aussi le rôle de la littérature migrante à travers les générations que sont Abdelkader Djemai, Salim Bachi, Faiza Guen, Zahwa Djennad et enfin un sujet tout aussi important comme la diaspora postocoloniale ou le décloisonnement des frontières.
S'agissant des arts visuels, une exposition rassemblant de nombreuses installations se tient au niveau de la villa Dar Abdellatif et ce, depuis le 22 mai dernier.
Parmi eux, on citera Tarik Mesli, qui avec Made in Algeria, le nom de son oeuvre, tend à exprimer dit -il «une sorte de retour à mes origines, m'a conduit vers un ailleurs de l'Autre et de moi-même. L'image passe par un filtre qui me permet de dépasser un contexte personnel, identitaire et national. Cette oeuvre nous confronte, dans la durée de notre présence à une réalité remise en question, où notre reflet se mêle à l'image de l'Autre, où la rencontre de l'intime et de l'actualité interroge les stéréotypes et les préjugés sociaux ou culturels. Mon travail de plasticien se veut recherche d'un nouveau rapport à l'Autre dans un monde où, de plus en plus, on est enfermé et l'on s'enferme dans un système qui oppose l'inclus à l'exclu, du Nord au Sud, celui qui parle à celui qui est privé de parole».
Pour sa part Kamel Yahiaoui nous présente Chambre de l'émigré. Dans un espace clos, où trône un lit au milieu, les murs sont peints de grisaille marron où l'on peut distinguer des silhouettes d'hommes, comme des ombres fuyantes, témoins de leur ancrage dans l'immigration française. Le septième continent est une installation photos vidéo de Musphata Sedjal qui nous présente entre autres El Dorad'or, un tapis doré recouvrant tout le bassin de Dar Abdelatif et qui traduit selon lui, l'âge d'or de cette maison des artistes. Action est le titre d'une vidéo de Halida Boughriet. Le dispositif est simple. Il s'agit pour l'artiste de marcher dans la rue et d'établir - de provoquer - un contact avec les passants en action est une vidéo en noir et blanc. Il s'agit d'une performance réalisée dans les rues de Paris, qui prend son origine à la fois dans certaines pratiques artistiques des années 1970 pour qui la ville - l'espace public- est un territoire à investir. L'action est filmée par une caméra qui la suit à courte distance, dans une proximité qui peut rappeler l'urgence signifiée avec laquelle sont filmés certains reportages de télévision. La caméra filme l'artiste de dos et ne montre pas les visages, sauf par accident, le filmage, le pas presque dansé de l'artiste et le pas pressé des passants. Le son de la bande n'est pas le son du réel, mais une composition musicale électronique qui intervient en léger contrepoint avec l'action et ne cherche pas à être illustrative. Le cadre de l'image est centré sur les tentatives de l'artiste pour établir le contact, dans l'attente et l'incertitude de ce qui peut advenir. Le toucher étant le seul de nos sens qui soit réflexif- on ne peut toucher sans être touché - cette action vise par conséquent à provoquer l'établissement d'un canal de communication entre l'artiste et le passant. En opérant par là une transgression manifeste de l'interdit social du toucher - on ne touche que ses proches. Ceci est l'explication de cette vidéo en noir et blanc.
Pour sa part, Rachid Nacibe nous présente Ya rayeh, en photos. Les tableaux sont construits à partir d'un process de la photo transformée par des corps corrosifs en des oeuvres d'art. Le génie du plasticien raconte, comme par une trame infinie l'exil, la mémoire d'un désir de départ par un envol en d'autres cieux, en d'autres terres. Chaque tableau illustre parfaitement l'histoire de l'émigration telle chantée par Dahmane El Harrachi, par le talent de Rachid Nacib remodelant l'art. L'expo est visible jusqu'à aujourd'hui 28 mai.


 

 

 

 

 

 

Le jeune-indépendant

 22 mai 2015

«ALGÉRIE AU CŒUR» 

L’ÉMIGRATION EN SCÈNE

http://www.jeune-independant.net/L-emigration-en-scene.html

 

 


l'Expression
Par  O. HIND - Mercredi 11 Mars 2015

http://www.lexpressiondz.com/culture/212365-hommage-a-abdelwahab-mokrani.html

«RÉZOLUTION»

EXPOSITION DU COLLECTIF FEN'ART ARTISTES VISUELS

Hommage à Abdelwahab Mokrani

 

Cette expo est née du désir de ces artistes de France, de se constituer en collectif afin «de faire découvrir leurs différentes pratiques artistiques et d'assurer ainsi une meilleure visibilité et lisibilité de leurs créations».

Ils sont une dizaine d'artistes algériens ou d'origine algérienne à exposer à partir du 02 avril à Galerie / Ateliers des artistes de Belleville, à Paris (France). Eux, ce sont Chérif Ahmed-Chaouch, Zouhir Boudjema, Hocine Berrefane, Hacene Bensaad, Tidjani Benlarbi, Djo-Art, Lalita Lebaz, Farid Mammeri, Smaïl Metmati, Moho Sahraoui, Mustapha Sedjal, Kamel Yahiaoui. La particularité de cette expo est qu'elle se tiendra sous l'auspice de l'association Fen'Art.
Intitulée «RéZolution», cette expo est née du désir de ces artistes visuels, contemporains de la diaspora algérienne vivant en France, de se constituer en collectif, afin «de faire découvrir leurs différentes pratiques artistiques et d'assurer ainsi une meilleure visibilité et lisibilité de leurs créations». Dans un communiqué de presse qui nous a été adressé le collectif souligne qu'«au-delà des écoles, des moyens d'expression, des différents supports - ce groupe d'artistes qui a en commun le souhait de - mettre en synergie ses potentialités créatrices...» envisage de faire de fen'Art «un lieu de ressources soutenant la création, la réalisation de projets communs et/ou individuels».
Dans un esprit résolument fédérateur, cette exposition qui se tiendra ainsi du 2 au 12 avril 2015, pour la première fois mettra à l'honneur les oeuvres de 12 artistes plasticiens vivant en France qui s'expriment à travers une variété de techniques, une multiplicité de matières, de supports et modes d'expression - peinture, dessin graphique, laque, vidéo, installation...
En plus de se faire dialogue par leurs oeuvres, cette expo va faire moyen de «découvrir au public parisien» la création artistique contemporaine de la diaspora algérienne qui se veut être un point de «jonction des deux rives - afin de poser - les jalons d'une mémoire collective dans ses multiples facettes, empreintes d'universalité».
Aussi, un hommage sera rendu à l'un de leurs pairs, Abdelwahab Mokrani, décédé le 3 décembre 2014, dans son appartement à Alger, dans l'isolement et le dénuement le plus total. L'association Fen'Art, assure-t-on «est née de la réflexion, de la maturation et de la concertation d'artistes plasticiens désireux de partager leur vécu, d'affirmer leur union et leur solidarité», «pouvons-nous lire aussi. Des mots qui sont loin d'être vains, mais bien importants dans un domaine où la concurrence, l'émulation, voire la jalousie, sont légion.
«Nous sommes un collectif d'artistes de parcours divers s'inscrivant dans un socle fédérateur permettant l'épanouissement de tout un chacun», «poursuit le communiqué qui sous-entend d'ores et déjà un esprit sain chez cette association. «Nous voulons mettre en synergie les potentialités créatrices de toutes celles et ceux qui s'inscriront dans cette perspective.
Fen'Art sera donc un lieu de ressources soutenant la création, la réalisation de projets communs et/ou individuels. À la confluence des cultures, des modes d'expressions multiples, sans exclusive, jonction des deux rives, notre association posera les jalons d'une mémoire collective, l'assumera dans ses multiples facettes, empreintes d'universalité. Notre association accueillera toute personne désireuse de partager les valeurs et l'esprit qui nous animent», conclut-on.
En effet l'association ouvre ses portes à chaque personne désireuse en faire partie à condition de se targuer des mêmes valeurs et principes de ses adhérents. Une belle initiative en somme!


 

 

 

 

 

 

ELWATAN

Le 03 avril 2015

Par Faten Hayed

 

Art à Paris, ensemble c'est mieux.

 

Une première pour le collectif Fen’art qui se rassemble aujourd’hui à Paris afin de présenter «RéZolution». Une expo d’artistes visuels algériens évoluant en France. «Les artistes algériens à l’étranger ne sont pas solidaires entre eux. Il s’évitent !», déclare Habiba Yousfi, plasticienne établie à Genève. «Je n’ai pas eu l’occasion de montrer mon travail quand j’étais à Alger. Parce qu’il y a certains critères qui ne me le permettaient pas. Il faut toujours avoir un ami dans le milieu pour pouvoir trouver sa place ! J’ai eu plus de chance à Dubaï et à Genève. Je trouve l’initiative du collectif Fen’art louable. Paris n’est pas facile, se rassembler en tant que force artistique est le meilleur moyen d’exister.» A Londres, New York ou à Dubaï, les plasticiens algériens travaillent en solo. Cependant, Paris fait exception, puisqu’un nouveau collectif est né, Fen’art, regroupant une dizaine d’artistes visuels qui participent aujourd’hui, et jusqu’au 12 avril, à une exposition collective intitulée «RéZolution». «L’exhibition mettra à l’honneur les œuvres de douze artistes plasticiens vivant en France qui s’expriment à travers une variété de techniques, une diversité de matières, de supports et modes d’expression –peinture, dessin graphique, laque, vidéo, installation...», peut-on lire dans le communiqué. Des sensibilités différentes au service de techniques ingénieuses. Ce groupe est composé de Cherif Ahmed Chaouch, Zouhir Boudjema, Hocine Berrefane, Hacene Bensaad, Tidjani Benlarbi, Djo-art, Lalita Lebaz, Farid Mammeri, Smaïl Metmati, Moho Sahraoui, Mustapha Sedjal et Kamel Yahiaoui. «A l’origine du collectif Fen’art, qui a vu le jour il y a deux ans, c’était un projet d’événement artistique que nous souhaitions faire sur Alger, au niveau des Beaux-Arts, entre anciens. Des retrouvailles après des années d’errance artistique entre les artistes qui vivent et pratiquent leur art aux quatre coins du monde et nos collègues d’Algérie, raconte l’artiste Mustapha Sedjal. Nous sommes issus de l’école nationale des arts d’Alger, Paris et d’autres formations.» Réseaux Le collectif a pour mission d’«assurer une meilleure visibilité et lisibilité de nos différentes pratiques artistiques. Nous sommes un collectif d’artistes de parcours divers s’inscrivant dans un socle fédérateur permettant l’épanouissement de tout un chacun», ajoute-t-il. Travailler en groupe, solliciter les réseaux, c’est vers quoi tend le collectif Fen’art ou «en arabe “fnar“ qui veut dire lampe traditionnelle», rappelle Sedjal. «RéZolution» c’est aussi toute une composition complexe et fédératrice pour les douze artistes participant à cet événement «Dans résolution, il y a le mot réseau. Une manière de défendre notre travail et lui donner une visibilité sur la scène contemporaine à l’étranger, ou en Algérie quand les occasions se présentent.» En Algérie, le manque de galeries empêche les artistes de se positionner sur le marché et de vivre de leur travail «Si on n’est pas le protégé d’une personnalité, on peut toujours se tourner vers le Salon de l’artisanat et faire de la peinture sur verre !», s’insurge Malek Mohya, un jeune artiste algérois, qui n’a exposé qu’une seule fois en dix ans, et dans un cadre privé. ISOLEMENT Il poursuit : «J’ai beaucoup de respect pour les artisans qui travaillent à la chaîne ; ceci dit, je suis incapable de reproduire une toile faite il y a une semaine. Je crois que c’est la différence entre nos deux métiers.» Mustapha Sedjal nuance : «Il est vrai qu’il y a un manque de galerie d’art dans le vrai sens du terme et de structures d’exposition, comme les centres d’art. Il y a des artistes de haut niveau en Algérie qui souffrent de l’isolement. Alger n’est pas l’Algérie. Les quelques “galeries d’art“ sur la place ne peuvent répondre à toutes les demandes. Mais il ne faut pas perdre espoir, Dar Abdelatif (l’AARC) commence, depuis sa restauration, à mettre en place un espace et un programme d’échange et de résidence d’artistes.» Il rappelle également que des initiatives, comme celle de l’Ecole des beaux-arts de Mostaganem, sont bénéfiques : «L’équipe de la rencontre annuelle Most’Art fait un travail remarquable dans ce sens. Ouverture et échanges entre les différents intervenants, les différentes générations d’artistes de l’intérieur et d’ailleurs. C’est encourageant.»


2014


Ventilo n° 347 I le mercredi 17 déc 2014

Céline Ghisleri

http://www.journalventilo.fr/travelling-galerie-karima-celestin/ 

 

Travelling I Group show I vidéo à la Galerie Karima Celestin

Galerie Karima Celestin, Marseille.

Du 22 Novembre au 27 Décembre 2014

Kapwani Kiwanga I Bernard Pourrière I Dania Reymond I Mustapha Sedjal I Jeanne Susplugas I Michèle Sylvander

 

Travelling à la Galerie Karima Celestin

Céline Ghisleri

 

Trois ans après l’ouverture de sa galerie, Karima Celestin opère un sérieux virage pour se consacrer désormais uniquement à la vidéo. L’exposition Travelling amorce cette nouvelle voie qui s’annonce pleine de bonnes surprises, de gros plans, de plans-séquences et de travellings avant, mais pas arrière…

Le médium, dont on fait remonter la naissance aux années 60 et à Nam June Paik, n’avait pas à Marseille de lieu spécifique, si l’on omet les précieux Instants Vidéo, moment fort dévolu à cette pratique artistique récente que l’on doit encore apprendre à regarder. Il fallait donc un lieu pour réfléchir à cet « “art vidéo” dans toute son ambiguïté : à la fois médium et média, technique et expression, dispositif et projection, intimité et mise à nu(1). » Car en matière d’art vidéo, le champ des possibles est multiple, comme en témoigne la programmation 2015 de Karima Celestin, qui abordera la question sous différents angles : numérique, animation, installation, etc. La galeriste voyagera désormais léger vers des foires et des projets tournés vers l’international, tout en élaborant une programmation qui rend compte des pratiques d’un art filmique interrogeant l’image en mouvement.

Pour cette première exposition, outre la réflexion sur le mouvement et le temps, les mêmes sujets animent la galeriste : le voyage, l’évasion, l’enfermement, autant de notions en résonance avec sa propre expérience depuis son arrivée à Marseille. Le plaisir de découvrir une ville, mais aussi l’inquiétude de s’y enfermer, à l’image de cette femme sur la photographie de Michèle Sylvander aux éléments ambivalents, que l’on découvre dès notre entrée : un objet (le masque), un décor (la mer) et un geste (les battements). La jeune femme agite ses bras comme pour s’envoler, tournant le dos à la mer et à l’auguste horizon, masquée pour ne pas respirer le grand air qui l’entoure. Incongruité et paradoxes qui font de cet être un humain…

D’écran en écran, de projection en projection, le visiteur suit un fil conducteur sensible, qui passe soit par les thèmes, soit par les images reliées entre elles comme les maillons d’une chaîne. Le voyage commence dans les gestes chorégraphiés de la danseuse de Bernard Pourrière, qui rejoue ceux des ouvrières de l’usine à tissage dans laquelle l’artiste a filmé. Posté sur un tabouret de travail, Bernard Pourrière opère un travelling et capte une drôle de danse conceptualisée pour rendre compte de la cadence de travail des tisseuses. Entrave du corps martyrisé par le travail, mais aussi par les chaussons de danse dans l’œuvre de Jeanne Suspluglas : l’artiste filme les pieds d’une danseuse, non pas dans la légèreté d’un entrechat, mais dans ce que la danse a de plus monstrueux, évoquant les danseuses ou les repasseuses de Degas dans leurs distorsions corporelles. Le monde des ballerines se mélange à celui de la boucherie et aux gestes saccadés du boucher coupant les escalopes que la danseuse glisse dans ses chaussons pour apaiser les souffrances de sa propre chair. Les plans sont serrés et la musique stridente, rythmée par les coups de hachoir. La vidéo convoque le spectateur dans une oppression du regard qui ne peut échapper au cadre restreint des images. Même sensation d’étouffement dans la seconde vidéo de l’artiste, qui suffoque dans un bain de pilules.

Oppression, enfermement physique ou mental, disharmonie du corps et de l’esprit nous guident dans cette première partie de l’exposition, jusqu’à l’histoire de Jeanne, jeune fille schizophrène qui se prend pour Jeanne d’Arc et confond son psychiatre avec les juges de la pucelle. Une véritable fiction réalisée par Dania Reymond, d’une qualité filmique remarquable. Avant de retrouver le chef-d’œuvre de cette dernière, Greenland Unrealised, projeté sur le mur, une halte nous amène à nous pencher littéralement sur la vidéo de Mustapha Sedjal : Sequence 1, d’une sobriété à l’efficacité redoutable, résume toute l’histoire de son pays, l’Algérie, depuis l’indépendance. Mustapha Sedjal filme un sachet plastique virevoltant dans la cage d’escalier d’un immeuble en décrépitude. La chute du sac est longue, jamais il n’atteint le sol, il survit dans une semi-existence en prise avec les courants qui le balancent et en font une marionnette. On se relève alors pour plonger dans Greenland Unrealised : dans cette très belle histoire, contée par le chef d’une tribu de Taïwan, Dania Reymond s’appuie sur un scénario d’Antonioni jamais porté à l’écran. Elle transpose l’histoire d’un peuple du Groenland menacé par la glaciation à une tribu de Taïwan aujourd’hui. La vidéo de dix minutes est réalisée en numérique dans un noir et blanc d’une force esthétique et graphique hypnotique.

Ces grands espaces nordiques nous amènent ensuite à ceux de Kapwani Kiwanga. L’artiste nous livre le dialogue muet de jeunes filles de Tanzanie, qui communiquent en arborant les phrases des tissus kanga, portés selon leurs humeurs. L’habit révèle ici la pensée et affirme un proverbe, souvent plein de bon sens. Juste à côté, on pénètre dans l’antre qui abrite l’œuvre de Michèle Sylvander, où des formes et des matières étranges se mêlent au son du ressac des vagues, seul élément véritablement identifiable. L’objet visuel est ineffable. On croit saisir parfois un morceau d’étoffe, parfois un bout de peau, ou peut-être encore un morceau de corail… Les images nous absorbent dans ce qu’elles ont de plus évocateur, mais ne se livrent jamais. Sassée ouvre grand les portes de notre perception, de notre interprétation, mais garde en elle tous les mystères qu’on ne vous révélera pas.


Zibeline n° 73. Avril 2014

L'actualité culture et société en région PACA, et au delà.

Marie Godfrin-Guidicelli

http://www.journalzibeline.fr/critique/les-dessins-a-dessein-de-sedjal/

 

The system needs an update 

Exposition monographique. 2014

Galerie karima Celestin, Marseille - France

 

Les dessins à dessein de Sedjal Mustapha

Marie Godfrin-Guidicelli

 

La page blanche ne fait pas peur à Mustapha Sedjal. Le blanc non plus qu’il perfore, froisse, filme dans ses dessins, ses sculptures, ses vidéos, et qui sous-tend son travail plastique attaché « à démonter les mécanismes de l’entre-deux. Mémoire / Histoire-Espace / Temps ». Une couleur symbolique si forte qu’il cite l’écrivain martiniquais Frantz Fanon : « Si le Blanc me conteste mon humanité, je lui montrerai, en faisant peser sur sa vie tout mon poids d’homme, que je ne suis pas ce Y’a bon banania qu’il persiste à imaginer »… Mustapha Sedjal, né à Oran et installé en France, expose à la galerie Karima Celestin un ensemble d’œuvres produites in situ en lien avec les espaces. Toutes liées muettement par le blanc, la main, le papier poinçonné qui crée des dessins en fragments. Un origami en trois dimensions aux formes noires et blanches, compactes ou étirées, molles ou rigides qui se répondent ; une série de dessins « chorégraphiques » d’où surgissent des mains qui froissent, dansent, montrent du doigt. Si sensuels que la surface du papier est parcourue de frissons… Une vidéo qui travaille sur la répétition, l’obsessionnel, la délicatesse : le montage de à dessein… ! ressemble à une partition musicale ; des Odalisques modernes à peine esquissées qui nécessitent de ciller des yeux pour les entrapercevoir. Notre être tout entier est tendu vers son œuvre pour écouter sa respiration. Dans cet ensemble cohérent, unitaire, Mustapha Sedjal a glissé la vidéo La maison du peuple comme on brandit un brûlot, noire de fumée, aux antipodes des œuvres immaculées. Après le papier froissé, les livres brûlés. Au début la femme voilée, en épilogue la femme démasquée. Et si l’artiste nous lançait un avertissement : quand on voile un visage, on interdit une parole ?


 

 

 

 

 

 

L'Humanité

Le 12 septembre 2014

Par Marie-José Sirach

http://www.humanite.fr/lesprit-de-liberte-de-leonard-peltier-551596

 

Liberté mon amour

 

Intitulée « Prisonnier politique et son combat (liberté mon amour) », l’exposition centrale de la Fête recense une vingtaine de tableaux, photographies et installations d’artistes contemporains sur le sujet.

La figure de l’enfermement traverse chacune des œuvres exposées. Dix-huit artistes au parcours singulier – certains ont connu la prison – retracent, sondent, auscultent, dans des registres certes différents mais qui témoignent d’une même prise de conscience, cette notion où l’individu est privé de liberté pour des raisons politiques. Ainsi, les cinq silhouettes de Bruce Clarke, issues de la série les Hommes debout, réalisées lors de la commémoration du génocide rwandais. Dans A Wild Story, Muted Response, Être quelque, Rumeurs du monde ou De l’intérêt d’être présent, cinq hommes et femmes posent. On devine qu’ils se sont faits beaux pour l’occasion. À hauteur d’homme, ils sont là, parmi nous, réchappés de la mort, de ce camp de la mort à ciel ouvert, et vous fixent droit dans les yeux. Ni peur ni colère dans leur regard. Il émane autre chose de beaucoup plus fort et de troublant que l’on nomme dignité. Non loin, le Dernier Repas du condamné, de Mat Collishaw, évoque la terrible trajectoire de Johnny Frank Garrett, accusé de meurtre et qui passa plus de dix ans dans les couloirs de la mort avant d’être exécuté le 11 février 1992, au Texas. Les tests ADN pratiqués il y a peu ont prouvé son innocence. Une nature morte – l’écuelle contenant le repas de celui qui, dans quelques heures, va mourir –, photographiée et enfermée à son tour dans un cadre noir au verre teinté. Bouleversant. Dans ces couloirs de la mort, un autre prisonnier emblématique se bat pour sa liberté. Leonard Peltier. Son Spirit of Freedom est bien là, dans un documentaire qui raconte son combat et la solidarité qui tisse sa toile de par le monde, à la barbe des autorités américaines. Où l’on retrouve Peltier face à Sitting Bull, dans une rencontre imaginée par l’artiste Mustapha Boutadjine. Que se disent ces deux chefs indiens ? Nul ne le saura mais l’esprit de résistance qui les anime semble tissé dans la même toile… « Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte. » Ces paroles de Frantz Fanon, Mustapha Sedjal les a gravées sur papier Arches et vous trottent dans la tête. Arrêt devant un triptyque photographique d’Estelle Lagarde qui décline parloir, cellule et couloir où se découpent furtivement les silhouettes de prisonniers dans la plus profonde solitude. Les murs de la sinistre prison Saint-Paul, à Lyon, ont une mémoire. En 2012, avant qu’elle ne disparaisse de la topographie de la ville dans une amnésie collective inconsciente, Ernest Pignon-Ernest a tenu à « réinscrire par l’image le souvenir singulier d’hommes et de femmes qui y ont été torturés ou exécutés ». Klaus Barbie y sévissait. Jean Moulin, Raymond Aubrac et d’autres y furent incarcérés. Si les murs pouvaient parler… Arrêtez-vous quelques instants devant Ecce Homo VI 
et Linceul IV. Vous entendrez les cris de 
ces hommes qui transpercent la toile 
comme ils transperçaient les murs de l’enfermement. Toujours à la halle Nina-Simone, l’INA retrace en photos en noir et blanc ou en couleurs des instants toujours savoureux de la création télévisuelle d’autrefois. Au détour d’une cimaise, Arte fait se déployer le Premier Jour de la bataille de la Somme, de Joe Sacco. Coédité avec Futuropolis, ce livre accordéon reconstitue heure par heure cet épisode crucial. Enfin, l’exposition « Le chemin des drames, vie et mort du poilu » sera inaugurée ce vendredi à 17 h 00, 
toujours dans la halle Nina-Simone. 
Placée sous le haut parrainage de Richard Williams Roosevelt, arrière-petit-fils 
de Theodore, elle est riche de nombre d’objets qui témoignent de la condition des soldats, mais aussi de la table du Café du Croissant sur laquelle Jaurès fut assassiné, le 31 juillet 1914...


 

 

 

 

 

 

Libération

http://next.liberation.fr/arts/2014/03/27/drawing-now-exquises-esquisses_990448

 

DRAWING NOW 8. PARIS

Drawing Now, exquises esquisses

Par Dominique Poiret
Le Carreau du Temple, à Paris, présente la huitième édition du salon du dessin d'art contemporain et rassemble artistes connus et moins connus.
Pour sa huitième édition, le salon du dessin contemporain, Drawing Now, revient au Carreau du Temple, fraîchement rénové, où il s’était déjà tenu en 2009. A ce lieu situé à la lisière du Marais s’ajoute l’Espace Commines, non loin de là, une plateforme intitulée Fresh et dédiée aux jeunes galeries. Au total, le salon présente cette année une sélection de 87 galeries, dont 40% d’exposants étrangers. Comme à chaque fois, un prix est remis à un artiste de moins de 50 ans: cette année, le jury a récompensé le travail très original de Cathryn Boch, représentée par la galerie Claudine Papillon.

En guise d’accueil, la galerie Suzanne Tarasiève interpelle les visiteurs par l’installation délirante du collectif londonien Le Gun, qui trône au milieu de l’allée: un chaman ailé conduit une «ambulance» tirée par un attelage de renards en plâtre (voir l’image en tête de cet article). Cette drôle de pièce est conçue d’après Memory Palace, un roman de science-fiction de l’écrivain anglais Hari Kunzru. Une expérience qui casse les frontières entre art, littérature et design. Les dessins du collectif sont exposés sur les panneaux tout autour, exécutés à 10 mains à la manière des cadavres exquis.

Moins graphique, les grands formats de Johann Rivat représentent des scènes de guérilla -très proche de la photo, mais sans appareil. Ce Grenoblois de 29 ans ne sort jamais sans ses carnets, il croque sur le vif.

Le travail d’Eric Manigaud ressemble également à s’y méprendre à des clichés mais, comme chez Rivat, ce sont des dessins minutieux à la mine de plomb, dans un dégradé du plus clair au plus foncé. Tout comme les historiens, Manigaud fouille les archives et s’en inspire pour reproduire en très grand des scènes de la Grande Guerre, comme ces chevaux brûlés, ces gueules cassées, le bombardement de Guernica… A ne pas rater, un visage de femme frappée par une maladie de peau signifiée par une tache rouge -la première fois que le Stéphanois utilise de la couleur. Pour son galeriste Olivier Houg, «Manigaud ne dessine pas, il impressionne la feuille».

Minutieux aussi, pour ne pas dire pointilleux, sont les dessins de Paspalis à la galerie XPO. L’artiste grec met trois mois pour créer ses compositions, entre classicisme et surréalisme. Les trois pièces qu’il a réalisées spécialement pour le salon pourraient n’en faire qu’une si on superposait les cheveux, les jambes et la tête.

L’autre espace ne manque pas non plus de bonnes découvertes. Notamment le travail des Luxembourgeois Martine Feipel et Jean Bechameil. Ils représentaient déjà le pavillon de leur pays à la biennale de Venise en 2011 et avaient fait tanguer les visiteurs avec leur installation proche d’Alice au pays des merveilles, avec des jeux de miroirs et des couloirs labyrinthiques. Les dessins préparatoires de l’installation sont d’ailleurs exposés aux côtés d’autres, évoquant, pour leur part, la faillite des utopies modernistes des années 50 à 70. Des tours tombées en désuétude, dynamitées comme celles de la série de dessins découpés intitulés Dernier Souffle.

Autre bonne surprise, les dessins à l’aiguille de Mustapha Sedjal, chez Karima Célestin. L’artiste dessine d’abord avec du fil sur de la toile, puis il perd le fil, mais on en retrouve la trace sur la feuille de papier, de fil en aiguille aime à dire l’artiste pour expliquer son travail.

 

«Drawing Now», jusqu’au 30 mars. Le Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller; Espace Commines, 17, rue Commines, 75003. Rens.: 01 45 38 51 15 et www.drawingnowparis.com


La blanche  feuille de papier  transcendée en œuvre d’art

Exposition de Mustapha Sedjal à Paris et à Marseille

 

L’artiste  algérien installé à Paris, Mustapha Sedjal, a été choisi par la galerie Karlma Celestin pour une représentation à la huitième édition de Drawing Now à l’Espace Commines pour Fresh,  du 26  au 30 mars prochain.

 

Lors de cet événement phare de l’art contemporain, quatre-vingt-six galeries internationales vigoureusement sélectionnées par un comité indépendant composé de personnalités du monde de l’art  y participent à Drawing Now Paris. Sur deux sites, Drawing Now, Paris propose aux visiteurs de découvrir toute la diversité du dessin contemporain d’aujourd’hui et des cinquante dernières années où les collectionneurs, conservateurs et amateurs d’art sont invités à (re)découvrir la scène artistique contemporaine à travers les dessins d’artistes reconnus ou émergents.

Par ailleurs, jusqu’au  3 mai prochain, Mustapha Sedjal expose ses nouvelles  créations à l’exposition baptisée « The System Needs An Update» (Le système a besoin d’une mise à jour), qui se déroule à la galerie d’art contemporain Karlma Celestin  à Marseille.

Lors de cette exposition, l’artiste dont le travail est une perpétuelle réflexion sur  la mémoire rend notamment un vibrant hommage à Frantz Fanon. Dans la présentation de cette exposition Caroline Hancok, souligne a propos  de l’artiste  que «la question de la mémoire et de l’histoire, et des dangers de leur effacement, ont toujours été au cœur de son labeur d’artiste. Le suivi des pointillés et le colmatage d’une absence peuvent-ils conduire à la suture ? Ailleurs, une odalisque partage une page avec un tirailleur sénégalais dans un amalgame de clichés inspirés de « Peau Noire, Masques Blancs » (1952) de Frantz Fanon »

Cette hommage et l’esprit de cette exposition est mis en exergue par Mustapha Sedjal par le choix de  la citation de Frantz Fanon  extraite de son ouvrage «Peau noire, masques blancs » publiée en 1952 : «Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte »

Il est également précisé que «des supports en papier sont poinçonnés minutieusement à l’aiguille pour créer diverses séries de dessins en fragments. Le relief est perceptible sur la surface. Comme des piercings ou des scarifications, une peau est marquée. Des mains sont expressives mais muettes comme frappées de l’amnésie potentielle qui hante Sedjal»

Ainsi, avec comme principal matériau esthétique la feuille de papier  blanche, Mustapah Sedjal, grâce à des froissements, des percements  qui remplacent le trait et  de pointillées d’aiguille, l’artiste algérien transcende la matière en véritable œuvres d’art qui interpellent le regard, interroge  l’esprit et convie la mémoire.

A.M.


 

 

 

 

 

 

La Tribune

Par Sihem Bounabi

le 12.03.2014

http://www.latribune-dz.com/news/article.php?id_article=4130

À travers son exposition «The system needs an update» à Marseille, l’artiste Mustapha Sedjal plonge dans la pensée fanonienne

Mustapha Sedjal explore de nouveaux territoires de l’imaginaire plastique où «des supports en papier sont poinçonnés minutieusement à l’aiguille pour créer diverses séries de dessins en fragments

Par Sihem Bounabi

L’artiste plasticien Mustapha Sedjal, originaire d’Oran, installé en région parisienne, convie le grand public à assister au vernissage de sa nouvelle exposition intitulée «The system needs an update» (Le système a besoin d’une mise à jour), qui se déroulera le 15 mars prochain à la galerie d’art contemporain Karlma Celestin à Marseille. Il est à noter que l’exposition se prolongera jusqu’au 3 mai prochain.
Le ton de cette exposition est d’emblée donné avec une citation : «Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte», écrit Frantz Fanon dans Peau noire, masques blancs (1952).
Ainsi, dans le texte de présentation intitulé Plongée Fanonienne, Caroline Hancok souligne la problématique de cette exposition : «La feuille de papier. La page blanche. Vide ? Voilà le sujet et l’objet de cette nouvelle exposition de l’artiste Mustapha Sedjal. S’agit-il d’en disposer ou de la remplir ?» Dès lors «le percement remplace le trait, et le froissement informe, prédomine sur toute représentation».
À travers «The system needs an update», Mustapha Sedjal explore de nouveaux territoires de l’imaginaire plastique où «des supports en papier sont poinçonnés minutieusement à l’aiguille pour créer diverses séries de dessins en fragments. Le relief est perceptible sur la surface. Comme des piercings ou des scarifications, une peau est marquée. Des mains sont expressives mais muettes comme frappées de l’amnésie potentielle qui hante Sedjal».
Comme le précise Caroline Hancok, l’essence même de la créativité chez Mustapha Sedjal est «la question de la mémoire et de l’histoire, et des dangers de leur effacement, ont toujours été au cœur de son labeur d’artiste.
Le suivi des pointillés et le colmatage d’une absence peuvent-ils conduire à la suture? Ailleurs, une odalisque partage une page avec un tirailleur sénégalais dans un amalgame de clichés inspirés de Peau Noire, Masques Blancs (1952) de Frantz Fanon» En fait, le système a besoin d’une mise à jour. The System Needs An Update : ce passage par la langue anglaise dans le titre de l’exposition apparaît comme une possible tactique pour se distancier du poids de l’histoire coloniale de son pays d’origine, l’Algérie. Kateb Yacine décrivait la langue française comme le «butin de guerre» des Algériens. Sedjal se saisit de cette complexité et en souligne les traces.Dans la nouvelle vidéo. «A dessein...!», les plans alternent entre une pile de papiers, le froissement même, la consultation attentionnée d’un cahier qui est vide et sa fermeture abrupte. Le son capte le travail, la cadence, la détermination, le bruit du papier manipulé. Sedjal parle d’une feuille de route et de déroute. La volonté est mise à l’épreuve d’une abstraction en continu. Quand pourra-t-on s’émanciper de la pensée unique quelle qu’elle soit ?
Pour sa part Saadi-Leray Farid, sociologue de l’art souligne que : «Les années soixante virent se dessiner en Algérie un processus d’appartenance, un mouvement d’identification et de symbolisation débouchant dans le domaine des arts plastiques sur une démarche d’appropriation qui face à la massification des images de la culture impérialiste et de l’idéologie occidentale dominante privilégiait le protectionnisme, voire un repli sur des fondements doctrinaux, sinon dogmatiques.»
Ainsi, les avant-corps du «socialisme-spécifique» et d’une culture de résistance affiliée à la «plongée fanonienne» en oubliaient par là même de déconstruire la mythologie naïve de la réception d’une peinture abstraite censée être d’emblée appréhendée par les Citoyens de Beauté, cela d’une part au nom d’une éthique de communauté, et d’autre part en vertu d’un partage des sentiments, d’une osmose des émotions inhérente à la perspective kantienne.
L’approche ouverte depuis octobre 2012 par Mustapha Sedjal est justement «de mettre à mal les utopies ou illusions de la société algérienne, d’amorcer un retour sur son Histoire pour décloisonner les postulats du «renouveau dans l’authenticité» et tracer la pluralité des origines, donc d’autres règles du «Je».
Il est aussi rappelé dans la présentation de cette exposition qu’ «après s’être délesté de la rhétorique persuasive concentrée autour du ‘’Peuple-Héros’’, de la pesanteur des regards et images panthéistes prétendant donner une vision globale et infalsifiable du réel, le voilà en train de croiser les cheminements individuels des icônes militantes et d’entrelacer les parcours de récits intimistes».
Dès lors, pour Mustapha Sedjal, avec la mise à jour du système, il ne «s’agit pas de présentifier un moi perdu, déstructuré et disposé à se fondre dans la totalité, mais de positionner des densités d’existence sur l’itinéraire transversal des singularités».
S. B.

 


HuffPost Maghreb | Par Nejma Rondeleu

http://www.huffpostmaghreb.com/2014/06/16/story_n_5498316.html

 

Visite guidée de l'exposition vidéo "Le Corps manquant" avec sa commissaire Amina Zoubir

"Le Corps manquant"

 

L'exposition “Le Corps manquant” inaugurée le 5 juin dernier à l'Institut français d'Alger présente quinze œuvres vidéos autour de la thématique du corps conçues par des artistes algériens et français.

Corps animal, corps exalté, corps décomplexé, corps réprimé, corps désorienté, corps architectural, corps de l'objet, corps du défunt, etc., chacune révèle un aspect de la corporalité, le long d'un parcours dans l'obscurité au milieu d'écrans de différentes tailles et d'images multiples.

 

“Le corps manquant c'est aussi le corps manquant d'une exposition d'art vidéo à Alger”, souligne la commissaire de l'exposition, Amina Zoubir. “Pour moi cette exposition est un corps manquant dans la ville d'Alger car elle introduit l'art vidéo donc un nouvel enjeu esthétique différent de l'enjeu esthétique des peintures avec un rapport à l'immédiateté beaucoup plus contemporain”.

 

Présentée pour la première fois, l'exposition est visible jusqu'au 26 juin à l'Institut français d'Alger. Al Huffington Post Algerie a visité l'exposition en compagnie d'Amina Zoubir.

Sur ce premier mur, nous avons le diptyque de Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, Dance party in Iraq, qui présentent des soldats américains et anglais dansant dans des lieux déserts et dans des casernes, en Afghanistan et en Irak. Ces artistes ont fait un impressionnant travail d'archivage pendant deux ans entre 2011 et 2013 pour réunir les vidéos postées sur le Net par les soldats.

On peut constater que ces soldats démystifient complètement le costume militaire, donneur de mort, synonyme de guerre et de violence car, en dansant avec leur uniforme, ces soldats communiquent une certaine joie. Au-delà des costumes militaires, on se rend compte que ces soldats sont tout simplement des exécutants et des êtres humains avec une joie de vivre”.

Ensuite, pour rester dans le thème de la guerre et du corps réprimé, nous avons la vidéo de Mustapha Sedjal qui a effectué une performance à la galerie Karima Celestin à Marseille où il a écrit sur un mur Un seul héros le peuple et il raye le mot peuple pour écrire mon père. Cette "action" filmée, est un rappel à la filiation, à la transmission de la mémoire de la guerre d’Algérie, car l’Histoire s’écrit par des individus formant une entité.

 

On a ici une manifestation corporelle d'un artiste en rapport avec sa mémoire et avec son histoire. En rayant volontairement le mot peuple pour y inscrire le mot père, l'artiste réalise un acte qui affirme sa propre individualité. C'est une histoire intime mais on sait que l'Histoire s'écrit aussi par les témoignages d’individus. Et la Guerre d'Algérie, a été une histoire intime entre la France et l'Algérie ; sachant que sur cette exposition, je réunis à la fois des artistes français et algériens, témoins de ces passerelles entre les deux rives ”.

 

Tourbillon

“Ensuite, nous avons deux écrans géants, type projection cinématographique, l'un avec une femme et l'autre avec un homme. Sur le premier écran, Zoulikha Bouabdellah a filmé une femme au Yemen en train de danser dans un mariage entourée d'hommes et paraît visiblement très joyeuse. L'artiste ajoute par voix off un rapport intrinsèque à la perfection: la virginité. Et je vous ne vous en dirai pas plus puisqu'il faut aussi découvrir la vidéo...

Le titre de la vidéo est Perfection takes time, (ndlr la Perfection prend du temps) par laquelle Zoulikha Bouabdellah introduit l’esthétique d’un corps de femme éthéré et vertigineux. On est dans un tourbillon par rapport à l'exaltation du corps de la femme. Petit à petit, l'artiste fait des arrêts sur image, des ralentis, elle parle du fait que cette femme a un visage fin, qu'aucun cheveux ne dépasse de son voile, que c'est une femme apparemment parfaite mais elle explique que ce n'est pas une femme parfaite car la perfection prend du temps...Il y aussi au-delà du corps, l'esprit.

 

Lumière

Ensuite, nous passons dans une partie de la salle où nous voyons un mur avec cinq écrans disposés de façon à ce que les vidéos s'entrechoquent, s'entremêlent tout en créant un lien conducteur.

 

A gauche du mur aux multi-écrans, nous avons deux écrans haute définition posés chacun sur un socle blanc et disposés près des deux entrées, tels deux écrans de lumière qui surgissent dans le noir. La lumière dans cette exposition est une lumière d’artifice, une lumière faite d’images et d’actions d’artistes. Le visiteur est plongé dans le noir pour pouvoir apprécier ces "images de lumière" qui se présentent comme des cadres animés avec une certaine esthétique: "Je considère que l'enjeu de l'art vidéo consiste à réfléchir les images pour créer une esthétique inattendue, en rupture avec l’esthétique établie par les peintures".

Dans la vidéo KarKabou de Hellal Zoubir, on assiste à l'interrogation d'un artiste peintre. Hellal Zoubir a placé sa peinture derrière lui et on le voit en train de se donner des coups. Cette performance est une allégorie à la tourmente intérieure et à la flagellation extérieure de l'artiste peintre algérien. Progressivement, l'artiste se donne des coups au niveau de la bouche ce qui renvoie au propos de l'artiste puis il se frappe au niveau des yeux ce qui renvoie au regard de l'artiste. Hellal Zoubir interroge ainsi la perception de l'artiste et sa position dans la société.

 

Sur le mur, à droite, la vidéo de Laurent Lacotte montre un sac qui s'agite au niveau des sorties d'aération du métro parisien. Ce n'est pas n'importe quel sac, c'est un sac Tati qui est de grand format où l'on peut y transporter des couvertures, des vêtements et tout un tas de choses.

Dans cette vidéo qui a pour titre A bout de souffle, Laurent Lacotte montre le corps d'un objet, complètement “à bout de souffle”, en train de se débattre. Avec ce sac, l'artiste renvoie au corps de l'immigration qui souffre car on peut constater que ce sac est tiraillé entre deux points de force et il essaye de retrouver une position stable et équilibrée.


L'Expression

le 29 Mai 2014

http://www.lexpressiondz.com/culture/195731-le-corps-manquant.html

 

INSTALLATION VIDÉO À L'IF ALGER

Le corps manquant

 

Autour de la thématique du corps, cette installation dont le vernissage aura lieu le 5 juin à partir de 18h se tiendra jusqu'au jeudi 26 juin à l'Institut français d'Alger. Le corps manquant est un concept d'exposition d'art vidéo réunissant des artistes français et algériens pour aborder la question du corps en performance. Les images vidéographiques et filmiques ont rarement été rassemblées et diffusées dans un même événement à Alger, il s'agit de relever un nouvel enjeu esthétique en deçà des représentations picturales et plastiques dominantes. Dès lors, l'insertion de l'expression vidéographique dans les champs des pratiques intervient comme un principe prolifique pour la restructuration de la réflexion esthétique et l'évolution de la scène artistique en Algérie. Cette exposition d'art vidéo autour de la corporalité performative permettra d'établir une plate-forme artistique où le dialogue entre les vidéos d'artistes français et algériens renforcera l'émergence de l'enjeu esthétique de l'art vidéo.

Commissaire de l'exposition: Amina Zoubir. Liste des artistes de l'exposition: Art Orienté Objet (Marion Laval-Jeantet & Benoît Mangin) / Rachida Azdaou / Stéphane Degoutin & Gwenola Wagon / Fatima Chafaa / Laurent Lacotte / Iliès Issiakhem / Raphaël Charpentié / Souad Douibi / André Fortino & Hadrien Bels / Hellal Zoubir / Fabienne Audeoud / Zoulikha Bouabdellah / Mustapha Sedjal.

Amina Zoubir est une artiste plasticienne, vidéaste et curator, vit et travaille entre Paris et Alger; diplômée d'un master Théorie et pratique de l'art contemporain et des nouveaux médias à l'Université Paris 8 et d'un Desa Design graphique à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. En 2010, elle publie sa recherche universitaire qui dévoile l'art vidéo des artistes algériens en livre intitulé Relation de l'image et du son dans la vidéo contemporaine algérienne: une expérience en temps réel, aux éditions universitaires européennes, EUE Saarbruecken, Allemagne. Elle poursuit ses recherches en doctorat au laboratoire Aiac - Art des images, art contemporain- à l'Université Paris 8. Elle a assuré le commissariat de l'exposition d'art contemporain La scène algérienne à l'Hospice Saint-Charles, Rosny-sur-Seine, 2013; programmatrice d'Illégal cinéma #113 aux Laboratoires d'Aubervilliers, film Tahya Ya Didou, Abervilliers, 2013; cocurator de l'exposition d'art vidéo Video killed the radio star à la galerie e.Bannwarth, Paris, 2012. Elle a réalisé six actions performatives dans l'espace urbain algérois, en été 2012, intitulées Prends ta place pour le webdocumentaire Un été à Alger produit par Narrative et Une chambre à soi.




 

 

 

 

 

 

l'Expression

Le 21 Juin 2014

 

Regarder l'absence...

Par 

«LE CORPS MANQUANT» INSTALLATION VIDÉO À L'IFA

 

Une douzaine de vidéos d'art d'artistes algériens et français sont visibles jusqu'au 26 juin à l'IF d'Alger et regroupées grâce au commissaire de l'expo, Amina Zoubir.

L'art vidéo est un médium à part dans les arts plastiques ou visuels et pas très bien exploités en Algérie. Cette idée première constitue la matrice du titre de l'exposition qui se tient actuellement au niveau de l'Institut français d'Alger et ce jusqu'au 26 juin.
«Le corps manquant est un concept d'exposition d'art vidéo réunissant des artistes français et algériens pour aborder la question du corps en performance. Les images vidéographiques et filmiques ont rarement été rassemblées et diffusées dans un même événement à Alger, il s'agit de relever un nouvel enjeu esthétique en deçà des représentations picturales et plastiques dominantes. Dès lors, l'insertion de l'expression vidéographique dans les champs des pratiques intervient comme un principe prolifique pour la restructuration de la réflexion esthétique et l'évolution de la scène artistique en Algérie. Cette exposition d'art vidéo autour de la corporalité performative permettra d'établir une plateforme artistique où le dialogue entre les vidéos d'artistes français et algériens renforcera l'émergence de l'enjeu esthétique de l'art vidéo.» Sommes -nous d'emblée informé. En effet lorsqu'on pénètre le hall du deuxième étage de l'IFA, après avoir levé le voile au sens propre et figuré sur ces objets animés, il ne faut surtout pas se presser de faire le tour. Assis à même le sol - dommage qu'il n'y ait pas de chaise pour les patients - l'on se laisse guidé par notre émotion et sommes happés par ce foisonnement d'images qui se regardent et cherchent peut-être une certaine forme de connivence ou de complicité. Il y en a en fait.
A la vue de ces deux petits écrans placés côte à côte, diffusant des images de soldats arabes et occidentaux en train de danser. L'on comprend derechef l'assimilation combinatoire de ces deux vidéos. le diptyque signé Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, intitulé Dance party in Iraq, présente de part et d'autre des soldats américains et anglais dansant dans des lieux déserts et dans des casernes, en Afghanistan et en Irak. Il y a dans cette vidéo dérangeante une sorte de clé manquante dans la façon d'introduire la danse en temps de guerre surtout lorsqu'on voit d'autres soldats arabes faisant de même. Ce qui manque? Le principal, sans doute, c'est-à-dire la paix car celle-ci, nous le savons, n'est qu'éphémère et passagère. Cette vidéo est le résultat d'un travail d'archivage remarquable entrepris entre 2011 et 2013 pour réunir les vidéos postées sur le Net par les soldats. Le costume de guerre démystifié, les soldats deviennent l'espace d'une parenthèse enchantée des êtres normaux, comme tout le monde avec leur joie de vivre des plus naïves... Après avoir accompli sa performance à la galerie Karima Celestin, à Marseille, Mustapha Sedjal nous filme le rendu de son simple exercice pictural. Il s'agit d'un détournement d'une phrase ô combien célèbre qu'il va peindre sur le mur et lui attribuer une nouvelle signification rien qu'en effaçant quelques syllabes. Et c'est ainsi que «Un seul héros le peuple,» devient «Mon père ce héros». Une façon de souligner cette mémoire de la guerre d' Algérie par le prisme de celui qui a compté dans notre vie et donné sa vie pour la libération de son pays. C'est encore individualiser cette histoire en l'humanisant davantage au lieu de résumer cette transmission dans un sac de masse humaine dépersonnalisée. Dans La perfection prend du temps de Zoulikha Bouabdellah il est question d'une femme qui danse (au Yémen) lors d'un mariage entourée d'hommes. Elle a le sourire aux lèvres. C'est une femme voilée. Il est question dans le texte accompagnant cette vidéo d'un visage fin où aucun cheveu ne vient dépasser de son voile. Une femme à l'apparence parfaite, qui rêve d'être l'épouse et la mère idéales. Et pourtant, l'on découvre qu'il existe une autre «vierge» d'une autre catégorie, qui peut être sauvage, toujours prête aux aventures et à l'infidélité mais sans qu'elle oublie la déception de son premier chagrin d'amour... La vidéo filmée au ralenti insuffle à ces images une aura surannée comme emboîtée dans un tourbillon spatio-temporel paradoxalement figé... Dans la vidéo KarKabou de Hellal Zoubir on découvre un homme qui se donne des coups sur le visage, mais aussi au niveau de la bouche et des yeux. Une parabole sur les inquiétudes et interrogations de l'artiste par rapport à son oeuvre, son rôle, mais aussi son impact dans la société. André Fortino et Hadrien Bels battent le record en termes de vidéo la plus longue. La regarder c'est voir défiler le temps au fur et à mesure que cet homme qui court inlassablement dans ses espaces ouverts tente de refaire peut-être le voyage à l'envers et recomposer son passé fragile. Un homme, un filmage somme toute épuisant, traînant en longueur, qui fait des choses bizarres, sort, rentre, place un tableau sur une chaise et d'autres objets sur une table, regarde son chat, palpe un poulpe... et puis cette femme à la fin qui le laisse en plan...
Enfin, puis cette lassitude qui se ressent malgré la beauté et magnificence des paysage montrés. Le vide sidéral qui sans doute vient à frapper aux portes de nos membranes charnelles. Celui de cette âme absente qui plane tout au long de cette vidéo... le corps manquant est aussi étrangement palpable dans ce hors champ maladif qui s'insinue dans ces installations vidéos. C'est le cas dans le travail de Laurent Lacotte qui, plantant à l'envers un grand sac au sol, ce dernier (le sac) vient à s'agiter au gré de l'air d'aération du métro parisien. Un sac Tati connu par tous. Son mouvement brinquebalant rappelle peut-être le mouvement hésitant ou ce bal désarticulé de l'immigration tiraillée entre un pays d'origine et un pays d'adoption qui tend parfois à le rejeter.
Un beau travail simple et ingénieux qui est construit clairement sur la répétition d'une seule image comme d'autres installations vidéos vraiment à voir!


La Tribune

le 25.06.2014

Par Sihem Bounabi

http://www.latribune-dz.com/news/article.php?id_article=6568

 

Expo d’art vidéo Le corps manquant à l’Institut Français

Sublimation et défragmentations du corporel à travers le prisme.

 

Un artiste dira qu’il aurait aimé que l’exposition se tienne «dans un autre espace plus accessible au grand public. Car, l’IF c’est comme un bunker pour des raisons de sécurité. Le corps dans sa complexité, sa beauté, ses gestes gracieux ou désarticulés, torturé ou sublimé, désiré ou honni, maudit ou sanctifié, lieu de la mémoire ou de promesses, le corps dans tous ses états est au cœur de l’exposition inédite d’art vidéo intitulée «Le corps manquant», proposée par 17 artistes algériens et français et qui se clôturera le 24 juin prochain à l’Institut français d’Alger (IFA). Dès l’entrée dans la grande salle de l’exposition plongée dans l’obscurité, les visiteurs sont conviés à un véritable bain lumineux jaillissant des écrans et disposés dans une scénographie d’Amina Zoubir, commissaire et conceptrice de l’exposition. D’emblée, le regard est happé par les images vertigineuses projetées par rétroprojecteur sur le mur face à l’entrée. Deux images côte à côte, avec, dans l’une, une femme et, dans l’autre, un homme. Des thématiques qui semblent opposées, mais en fait liées par cette même quête de la perfection dans l’autre, de l’alterego insaisissable. Dans celle de Zoulikha Bouabdella, intitulée Perfection take Time, il y a la vertigineuse danse nuptiale d’une mariée yéménite, au milieu d’un cercle d’hommes qui sont, eux, légèrement floutés, avec des ralentis sur les sourires pudiques et malicieux de cette jeune femme qui, comme le souligne le texte qui accompagne la vidéo, «comme un voile a un visage fin». La puissance de cette vidéo est dans l’harmonie entre les expressions du visage de cette «vierge» et le texte qui défile au bas de l’écran. Ainsi, cette femme idéalisée dans son rôle d’épouse et de mère, fidèle et dévouée, est aussi «la vierge sauvage qui peut sortir de l’ombre et se montrer à l’écran (…) se transformer en furie et vous dévorer vivant». À ses côtés, l’œuvre d’André Fortino et Hadrien Bels, Les paradis sauvages, la plus longue vidéo de l’exposition, d’une durée de quarante minutes, conviant le regard à une autre forme de vertige, celui de la beauté des grands espaces, d’une course hébété d’un homme dans la nature et des lieux urbains où les corps sont déclinés dans des formes humaines, où le charnel est réduit à l’état de marionnette, dans la déroutante palpation de la peau visqueuse d’un poulpe et, au final, dans la perte de cette femme tant convoitée et tant idéalisée. Sur le côté droit, cinq écrans de petite dimension sont disposés dans une chorégraphie dédiée à la mémoire et à la transmutation de l’être en contradiction avec sa condition d’individu. Dans la vidéo intitulée Un seul héros, le peuple… mon père, Mustapha Sedjal propose une vidéo-performance en deux actes. Le premier acte consiste à peindre le slogan «Un seul héros, le peuple», inscrit la veille de l’indépendance sur les murs de la galerie Karima Calelestin à Alger. L’artiste explique qu’«à travers ce slogan, le système avait confisqué l’indépendance et a justifié la mise à l’écart des vrais ‘‘héros’’ de la révolution algérienne. Ainsi, l’Algérie demeure otage d’une ‘’Histoire bafouée’’ et moi, privé d’une part de notre vérité historique». Dans le 2e acte, d’un trait, il barre le mot «Peuple» pour le remplacer par «mon père». Mustapha Sedjal confie qu’«à travers cet ‘‘acte plastique’’, je re-convoque ‘’l’Histoire(s)’’ à travers mon histoire familiale et je revisite la mémoire individuelle de mon père. (…). J’exprime aussi par cet acte plastique, la difficulté d’existence des artistes post-indépendance, qui peinent à s’extraire du carcan politique défini par la doxa de ‘‘l’art pour l’art’’». Mustapha Sedjal souligne à propos de sa participation à cette première exposition du genre en Algérie : «J’aurais aimé que cela se passe dans un autre espace, plus accessible au grand public car l’IF c’est comme un bunker pour des raisons de sécurité. Nous avons besoin de faire un travail de terrain, pour habituer le public et lui montrer d’autres formes d’expressions artistiques.» La guerre et sa mémoire contradictoire est également au cœur de l’œuvre de Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, Dance Party In Iraq (une fête dansante en Irak), qui, à travers deux écrans juxtaposés, montre des soldats américains en train de danser sur le tube planétaire coréen ou en train de danser avec des civils dans une ambiance conviviale et bon enfant, offrant même de l’eau aux enfants. De même, on peut également voir des soldats arabes oubliant pour quelques instants la guerre et ses affres dans les mouvements exaltant de la danse. Plus sombre, Métaphore de Fatima Chafaa, dans des couleurs oniriques, interpelle la curiosité du regard à travers le puzzle de l’emboitement de ces images qui, au final, révèlent un corps meurtri et attaché. Dans le même esprit du corps et de l’âme torturée, il y a la vidéo KarKabou de Hellal Zoubir, où l’artiste se donne de fortes claques sur le visage telle une auto-flagellation sur sa situation d’artiste D’autres vidéos sont à découvrir, sur le mur de gauche, dédiées à une vision surréaliste du corps, à l’instar des vidéos de Laurent Lacotte, Souad Douibi, Ilies Issiakhem, Fabienne Audeoud, la seule a avoir utilisé le film super 8 pour son œuvre baptisée Diva et qui interpelle par la qualité du grain de l’image et de l’expression de l’héroïne de cette œuvre de six minutes. Des œuvres intimement liées par le filigrane de la corporalité dans toute ses interrogations et mises en relief par les extraits de textes qui accompagnent la vidéo de Rachida Azdaou Mon Corps absent, où il est souligné : «Dans la prison du corps, personne ne s’aperçoit de l’oiseau de l’âme, dans la prison de l’âme, le faucon noir du cœur n’apparait jamais.»


Farid SAADI

Le Matin. Faut-il participer aux prochaines "Assises de la Culture" ? 

1. http://www.lematindz.net/news/15203-faut-il-participer-aux-prochaines-assises-de-la-culture-i.html 

2. http://www.lematindz.net/news/15204-faut-il-participer-aux-prochaines-assises-de-la-culture-ii.html

3. http://www.lematindz.net/news/15205-faut-il-participer-aux-prochaines-assises-de-la-culture-iii.html

 

Statut artistique et postures intellectuelles en Algérie (I)

1. http://www.lematindz.net/news/13599-statut-artistique-et-postures-intellectuelles-en-algerie.html

2. http://www.lematindz.net/news/13616-statut-artistique-et-postures-intellectuelles-en-algerie-ii.html

3. http://www.lematindz.net/news/13630-statut-artistique-et-postures-intellectuelles-en-algerie-iii.html

4. http://www.lematindz.net/news/13640-statut-artistique-et-postures-intellectuelles-en-algerie-iv.html


2013


Printemps de l'art contemporain 05

Contre-Temps

15 mai-20 mai 2013

 

Printemps de l’Art Contemporain « Contre-Temps »

sa cinquième édition, le Printemps de l’Art Contemporain « Contre-Temps » est à l’heure de Marseille-Provence 2013 –Capitale européenne de la culture. Le réseau Marseille expos vous invite à découvrir ouredécouvrir une quarantaine de galeries etlieux d’exposition à Marseille.

Du 17 au 19 mai, déambulez selon un parcours libre dans la ville : de la Plaine/Cours Julien à la Préfecture, du Vieux-Port, du Panier à Belsunce et de Longchamp à la Belle de Mai.
Pendant 3 jours, poussez les portes de ces lieux qui font la richesse artistique de Marseille. Notre réseau vous convie à 3 parcours dans le cadre de 3 quartiers. Les participants vous donnent rendez-vous à l’occasion de nocturnes jusqu’à 22h, rythmées par de nombreux vernissages, des lectures, des performances et des rencontres avec les artistes.
Le Printemps de l’Art Contemporain, c’est l’instant T pour explorer en suivant votre tempo toute la diversité de la scène artistique actuelle de Marseille !

http://www.paris-art.com/evenement-culturel/printemps-de-l-art-contemporain-05-contre-temps/beau-cecile-berdaguer-&-pejus-christophe-et-marie/3192.html


L'Expression

LA SCÈNE ALGÉRIENNE EXPOSE À PARIS

 

Huit artistes vous ouvrent leur imaginaire

Quotidien L'Expression. Par  O. HIND - Dimanche 27 Janvier 2013

 

http://www.lexpressiondz.com/culture/167981-huit-artistes-vous-ouvrent-leur-imaginaire.html


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